Quand je regarde cette couverture, je mesure le temps écoulé, le travail à l’aveugle, ces périodes où nous faisions passer des petits courriels à certains de nos modèles photographiés au début de l’aventure pour leur dire: « oui, déjà deux ans de passé, mais l’aventure continue, nous photographions encore d’autres modèles, nous écrivons… Bientôt nous aurons fini. »
Trois ans et demi de travail ! (l’aventure a commencé en 2014) et puis trouver un éditeur, tomber sur la merveilleuse Caroline Laurent chez Stock, ses yeux brillants et son air de savoir ce qu’elle allait faire avec ce livre pour le rendre plus beau que les autres. Je revois notre premier rendez-vous avec le directeur du Musée de l’Homme, l’incroyable André Delpuech, sa joie de faire entrer le handicap au Musée de l’Homme, sa détermination pour que cette exposition existe dans ce lieu grandiose du foyer. Et puis tout le reste du projet qui maintenant se déploie comme une fleur qui s’ouvre.
Je comprends la force de nos combats pour faire exister ces déclinaisons artistiques parce que nous sentons que ceux qui n’ont jamais été concernés par le handicap, n’en savent rien ou n’ont jamais eu l’idée qu’ils avaient un rôle dans le fait d’accueillir l’autre différent, sont touchés et s’ouvrent à leur tour.
Je comprends que seul le langage, la danse, la musique, les sensations, les émotions peuvent porter les êtres à se vouloir ensemble dans une même humanité. C’est tout cela cette couverture, ce bandeau qui vous invite à lire, à venir voir l’exposition qui sera au Musée de l’Homme durant neuf mois. Le temps d’une gestation magique pour accoucher d’une société riche de nos différences.